Le paysage de la lutte contre la fraude en France connaît une évolution majeure avec la création de l’Office national anti-fraude (ONAF), officialisée par le décret n° 2024-235 du 18 mars 2024. Ce nouvel office, qui prendra effet le 1er mai 2024, est le fruit d’une réorganisation stratégique visant à renforcer les capacités de l’État en matière de lutte contre les fraudes aux finances publiques, qu’elles soient nationales ou liées aux intérêts financiers de l’Union européenne.
L’ONAF se substitue au service d’enquêtes judiciaires des finances, avec une mission élargie et des moyens renforcés pour identifier, démanteler et réprimer les structures de fraude. Rattaché conjointement à la Direction générale des douanes et droits indirects (DGDDI) et à la Direction générale des finances publiques (DGFiP), cet office marque une nouvelle étape dans la coordination interministérielle en matière de lutte contre la fraude, en collaboration avec la Mission interministérielle de coordination anti-fraude (MICAF).
Les missions de l’Office national anti-fraude
L’ONAF intervient dans plusieurs domaines clés, notamment :
- Les infractions au code des douanes.
- Les infractions en matière de contributions indirectes.
- Les fraudes fiscales graves, y compris les escroqueries liées à la taxe sur la valeur ajoutée (TVA).
- La protection des intérêts financiers de l’Union européenne.
En plus de ses missions traditionnelles, l’ONAF sera en charge de mener des enquêtes judiciaires sur l’ensemble du territoire national, avec la capacité d’agir en coopération avec d’autres offices centraux de police judiciaire, tels que l’Office central de lutte contre le travail illégal et l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales. Cette collaboration vise à renforcer l’efficacité des actions de lutte contre la fraude en partageant les informations et en coordonnant les investigations.
Organisation et fonctionnement de l’ONAF
Le décret et l’arrêté relatifs à la création de l’ONAF définissent une structure organisée en plusieurs unités territoriales implantées dans des villes stratégiques, notamment Paris, Bordeaux, Lyon, et Marseille, parmi d’autres. Le service central, basé à Paris, sera composé de différentes unités spécialisées, chacune responsable d’une ou plusieurs missions.
L’ONAF bénéficiera des moyens financiers nécessaires à l’accomplissement de ses missions, mis à disposition par le ministère chargé du budget. De plus, le personnel affecté au service d’enquêtes judiciaires des finances sera automatiquement transféré à l’ONAF, garantissant ainsi une continuité des opérations en cours.
Un enjeu majeur pour la France
La création de l’ONAF répond à un besoin croissant de renforcer les dispositifs de lutte contre la fraude, dans un contexte où les fraudes fiscales et douanières constituent des menaces sérieuses pour les finances publiques. En centralisant les efforts de plusieurs administrations et en favorisant une coopération accrue entre les différents services, l’ONAF représente une réponse adaptée aux défis contemporains de la fraude, tant au niveau national qu’européen.
En conclusion, l’Office national anti-fraude incarne une avancée significative dans la stratégie de la France pour protéger ses finances publiques et renforcer l’intégrité de ses systèmes fiscaux et douaniers. Les entreprises et les acteurs économiques doivent s’attendre à une intensification des contrôles et à une application plus rigoureuse des règles, dans un environnement où la lutte contre la fraude est plus que jamais une priorité nationale.