Le 4 juillet 2024, la Commission européenne a annoncé l’imposition de droits compensateurs provisoires sur les importations de véhicules électriques à batterie (VEB) en provenance de la République populaire de Chine. Cette décision, officialisée par le règlement d’exécution (UE) 2024/1866, marque une étape importante dans la réponse de l’Union européenne aux subventions jugées déloyales accordées par le gouvernement chinois à ses fabricants de véhicules électriques.
1. Contexte de l’Enquête
L’enquête antisubventions, lancée d’office par la Commission européenne le 4 octobre 2023, a été motivée par des preuves indiquant que les véhicules électriques chinois bénéficiaient de subventions publiques massives, leur permettant d’être vendus à des prix artificiellement bas sur le marché européen. Ces subventions ont entraîné une augmentation significative des importations de véhicules électriques chinois dans l’Union, causant un préjudice grave à l’industrie automobile européenne, qui peine à concurrencer ces prix très bas.
Les véhicules concernés par ces mesures incluent ceux destinés au transport de personnes, propulsés uniquement par des moteurs électriques, et relevant du code NC ex 8703 80 10. Ces véhicules, produits par des entreprises telles que BYD, Geely, et SAIC, ont été identifiés comme bénéficiant des subventions, justifiant l’imposition des droits compensateurs.
2. Détails des Droits Compensateurs
Les droits compensateurs provisoires, qui sont appliqués depuis le 5 juillet 2024 pour une durée de quatre mois, varient en fonction des entreprises chinoises concernées. Les taux imposés sont les suivants :
- BYD : 17,4 %
- Geely : 19,9 %
- SAIC : 37,6 %
- Autres entreprises ayant coopéré : 20,8 %
- Entreprises n’ayant pas coopéré : 37,6 %
Ces droits sont calculés sur le prix net franco frontière de l’Union, avant dédouanement. Ils sont destinés à compenser l’écart entre le prix des véhicules subventionnés et leur coût réel de production sans subventions. Les importateurs européens doivent désormais déposer une garantie équivalente au montant du droit provisoire lors de la mise en libre pratique des véhicules concernés.
3. Implications pour les Importateurs et le Marché Européen
Pour les importateurs européens, ces droits compensateurs signifient une augmentation des coûts des véhicules électriques importés de Chine, ce qui pourrait réduire l’attrait économique de ces véhicules sur le marché européen. Les entreprises devront également s’assurer que les documents douaniers sont en conformité, notamment en incluant une facture commerciale détaillant l’origine et le code additionnel TARIC correspondant au droit compensateur applicable.
En outre, ces mesures pourraient ralentir l’adoption des véhicules électriques en Europe, un secteur que l’Union s’efforce de développer pour atteindre ses objectifs climatiques. Cependant, elles visent également à protéger les fabricants européens de la concurrence déloyale et à encourager une production locale plus compétitive.
4. Prochaines Étapes
Les droits compensateurs provisoires ne sont que la première étape d’une réponse plus large de l’Union européenne. La Commission européenne continuera d’examiner les données et les arguments fournis par les différentes parties, y compris les autorités chinoises, les producteurs européens, et les importateurs. Une décision finale sur l’imposition de droits compensateurs définitifs devrait être prise dans les quatre mois suivant l’imposition des mesures provisoires.
Si ces droits sont confirmés, ils pourraient rester en vigueur pendant cinq ans, avec la possibilité de réexamens réguliers pour ajuster ou prolonger les mesures en fonction de l’évolution du marché et de la situation économique des industries concernées.
Conclusion
L’imposition de droits compensateurs provisoires sur les véhicules électriques importés de Chine est une mesure cruciale pour protéger l’industrie automobile européenne contre les effets de la concurrence déloyale. Les importateurs européens devront adapter leurs stratégies pour naviguer dans ce nouveau paysage réglementaire, tandis que la Commission européenne poursuivra ses efforts pour garantir une concurrence équitable sur le marché unique.