L’Union européenne (UE) a annoncé l’instauration d’un droit antidumping définitif sur les importations de dioxyde de titane (TiO2) en provenance de la Chine, une décision qui s’inscrit dans une politique renforcée de protection de l’industrie européenne contre les pratiques commerciales déloyales. Cette mesure intervient à la suite d’une enquête approfondie ouverte en novembre 2023 et s’applique à compter du 9 janvier 2025.
Contexte de l’enquête
L’enquête antidumping a été initiée suite à une plainte de l’European Titanium Dioxide Ad Hoc Coalition, un groupement représentant les producteurs européens de dioxyde de titane. Cette plainte alléguait que le dumping des producteurs chinois causait un préjudice à l’industrie de l’Union. Le dioxyde de titane, un pigment largement utilisé dans les peintures, les plastiques et les papiers, est essentiel pour plusieurs secteurs industriels en Europe.
Les enquêteurs ont relevé des marges de dumping allant jusqu’à 32,3 % pour certains producteurs chinois. Cette situation a entraîné une sous-cotation significative des prix sur le marché européen, menaçant la viabilité économique des entreprises locales.
Les droits imposés
La Commission européenne a décidé d’imposer les droits suivants :
- 32,3 % pour le groupe LB, un des principaux producteurs chinois de dioxyde de titane.
- 11,4 % pour le groupe Anhui Gold Star, une entité également impliquée dans l’exportation vers l’UE.
- 28,4 % pour d’autres sociétés ayant coopéré avec l’enquête.
- 32,3 % pour toutes les autres sociétés chinoises n’ayant pas coopéré.
Impact sur l’industrie européenne
Les conclusions de l’enquête montrent que le dumping chinois a provoqué une dégradation de la rentabilité des producteurs européens. Par exemple, la rentabilité des ventes à des acheteurs indépendants a chuté de 7,9 % en 2020 à -11,7 % pendant la période d’enquête. La production a baissé de 31 %, et les flux de liquidités ont atteint un déficit de 42,3 millions d’euros.
Ces droits antidumping visent à rétablir des conditions de concurrence équitables, permettant aux producteurs européens de récupérer des parts de marché et d’améliorer leur rentabilité. Toutefois, certaines entreprises utilisatrices, comme celles du secteur des peintures et papiers stratifiés, ont exprimé leurs inquiétudes face à une possible augmentation des coûts de production.
Arguments des parties prenantes
Plusieurs parties ont contesté les mesures adoptées :
- AkzoNobel et d’autres utilisateurs de TiO2 : Ces entreprises ont fait valoir que les droits antidumping entraîneraient des hausses de coûts insoutenables pour les industriels européens, réduisant leur compétitivité sur le marché mondial.
- La China National Coatings Industry Association (CNCIA) : Elle a argué que le préjudice à l’industrie européenne était davantage attribuable à des facteurs structurels internes, comme la hausse des coûts de production et la contraction de la demande.
Analyse et perspectives
La décision de l’UE reflète une volonté de protéger ses secteurs stratégiques tout en préservant l’équité commerciale. Cependant, cette mesure soulève des questions quant à ses répercussions à long terme sur les chaînes d’approvisionnement européennes et sur la compétitivité des industries utilisatrices.
En parallèle, l’industrie chinoise pourrait chercher à contourner ces droits en intensifiant ses exportations vers d’autres régions ou en modifiant ses méthodes de production pour répondre aux normes européennes. Les autorités européennes devront donc surveiller de près l’évolution des importations et veiller à ce que ces mesures atteignent leurs objectifs.
Ce cas illustre l’importance des outils antidumping dans la politique commerciale de l’UE, tout en mettant en lumière la nécessité d’un équilibre entre protection industrielle et compétitivité des utilisateurs. Les prochains mois permettront d’évaluer si cette mesure contribue à renforcer la résilience économique de l’Union.