Le 20 août 2024, la Commission européenne a communiqué aux parties intéressées les conclusions préliminaires de son enquête anti-subventions concernant les importations de véhicules électriques à batterie (BEV) en provenance de Chine. Cette enquête, initiée en octobre 2023, a été lancée suite à une montée en flèche des exportations de véhicules électriques chinois vers l’Union européenne à des prix considérés comme excessivement bas. Ces véhicules sont soupçonnés de bénéficier de subventions importantes de la part du gouvernement chinois, créant ainsi une distorsion sur le marché européen.
Contexte et Enquête Préliminaire
L’enquête a été formellement lancée le 4 octobre 2023, en réponse aux préoccupations croissantes au sein de l’UE concernant l’impact des importations à bas prix de véhicules électriques chinois sur les constructeurs européens. Ces inquiétudes avaient été soulignées par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lors de son discours sur l’état de l’Union en septembre 2023. L’objectif principal de l’enquête était de déterminer si ces importations bénéficiaient de subventions déloyales et si elles causaient un préjudice significatif à l’industrie automobile européenne.
Le 4 juillet 2024, la Commission avait déjà imposé des droits compensatoires provisoires sur ces importations, qui sont entrés en vigueur le 5 juillet 2024. Ces mesures visaient à protéger l’industrie européenne en attendant les conclusions définitives de l’enquête.
Conclusions Préliminaires et Propositions de Mesures Définitives
Les conclusions préliminaires présentées par la Commission le 20 août 2024 proposent d’imposer des droits compensatoires définitifs sur les importations de véhicules électriques chinois. Les taux proposés varient en fonction des entreprises chinoises concernées :
- BYD : 17,0%
- Geely : 19,3%
- SAIC : 36,3%
- Autres entreprises coopérantes : 21,3%
- Entreprises non coopérantes : 36,3%
Fait notable, Tesla, bien que fabricant américain, bénéficie d’un taux spécifique de 9% pour ses exportations de véhicules électriques fabriqués en Chine.
Prochaines Étapes et Décision Finale
Les parties intéressées ont maintenant la possibilité de commenter ces conclusions préliminaires et de demander des audiences auprès des services de la Commission. Après avoir examiné ces commentaires, la Commission soumettra sa décision finale aux États membres de l’UE, qui devront voter selon la procédure de comitologie. Si une majorité qualifiée est atteinte, les mesures proposées deviendront contraignantes et seront publiées dans le Journal officiel de l’Union européenne d’ici le 30 octobre 2024 au plus tard.
Si ces droits compensatoires sont définitivement adoptés, ils resteront en vigueur pour une durée initiale de cinq ans, pouvant être prolongée après réexamen.
Implications pour l’Industrie Automobile
L’imposition de droits compensatoires définitifs sur les véhicules électriques chinois marquerait une étape importante dans la protection de l’industrie automobile européenne. Les constructeurs européens, confrontés à une concurrence accrue et à une pression sur les prix, espèrent que ces mesures rétabliront des conditions de concurrence équitables. Toutefois, ces droits pourraient également entraîner une augmentation des prix pour les consommateurs européens et une révision des stratégies d’approvisionnement des constructeurs automobiles.
En parallèle, la décision de la Commission pourrait exacerber les tensions commerciales entre l’UE et la Chine, à un moment où les relations économiques entre les deux blocs sont déjà sous pression. La Chine a d’ores et déjà exprimé son opposition à ces mesures, arguant qu’elles sont injustifiées et protectionnistes.
Conclusion
Alors que l’Union européenne s’apprête à finaliser ses mesures anti-subventions contre les importations de véhicules électriques chinois, les répercussions de cette décision se feront sentir tant sur le marché automobile que dans les relations commerciales entre l’UE et la Chine. Les prochains mois seront décisifs pour l’avenir de l’industrie automobile européenne et pour les relations économiques internationales.